Le concert d’ouverture du festival aura lieu à la salle Del Castillo de Vevey avec le maestro du piano, Grigory Sokolov. 

Écouter Grigory Sokolov, c’est s’embarquer pour un voyage sans retour. Chacune de ses interprétations s’impose comme la complète redécouverte d’un programme que le pianiste  russe polit et approfondit pendant de nombreux mois, de concert en concert, comme pour en révéler les trésors les plus insoupçonnés. Il vient une nouvelle fois ouvrir le festival Lavaux Classic, avec une affiche dédiée à deux compositeurs et maîtres du clavier, distants l’un de l’autre de plus de deux siècles.

La musique de William Byrd nous fait pénétrer dans le monde des virginalistes. Pendant le dernier tiers du 16^e siècle, sous le règne d’Elisabeth I, ces auteurs font naître un important répertoire pour le virginal, instrument cousin du clavecin et alors en vogue en Angleterre. Aux côtés de John Bull et d’Orlando Gibbons, Byrd est le plus illustre représentant de cet art qui laisse aux danses, comme la pavane, aux variations et à la fantaisie une place centrale. Peu d’interprètes abordent sur un piano moderne cette musique à usage essentiellement privé, parvenue jusqu’à nous par l’intermédiaire de recueils manuscrits, mais qui se verra ciselée dans ses moindres inflexions par le jeu profondément poétique de Grigory Sokolov. 

Pendant l’été 1854, Johannes Brahms livre avec ses Quatre Ballades un corpus lui aussi d’une grande poésie. Seule la première de ces pièces trahit sa source en nommant une sombre ballade écossaise. Dans les trois autres, le compositeur laisse l’auditeur s’imaginer sa propre histoire au travers de ces pages au ton assurément narratif. A l’âge de seulement 21 ans, Brahms est déjà pleinement lui-même dans cet opus au lyrisme clair-obscur. La passion est ici sous-jacente et retenue, alors qu’elle éclatera au grand jour dans les Deux Rhapsodies écrites en 1879.

Avec le généreux soutien de la Fondation Radu Lupu

Texte de Yaël Hêche