Pareillement à l’aise dans le metal que dans le classique, Marina Viotti n’en finit plus d’enchaîner les récompenses et les prises de rôle. Récente Charlotte dans le Werther de Jules Massenet et Octavian dans le Rosenkavalier de Richard Strauss au Théâtre des Champs-Élysées, fraîchement décorée d’un Grammy Award, la mezzo-soprano n’en reste pas moins attachée à ses origines helvétiques et romandes. Elle nous emmène une fois de plus hors des sentiers battus, en compagnie de Jan Schultsz, accompagnateur autant renommé que recherché, pour une soirée dans l’intimité de Gioachino Rossini.

1829 : au lendemain du triomphe de Guillaume Tell, Rossini se retire de la scène. Le musicien le plus illustre et adulé de l’époque n’a que 37 ans, il lui en reste 39 à vivre. Soucieux de quitter les projecteurs au sommet de sa gloire, au moment où le paysage lyrique connaît d’importantes transformations, l’Italien n’abandonne pourtant pas la composition : pièces de caractères pour piano, mélodies, musique de chambre ou feuillets d’album, c’est un important corpus à la fois vocal et instrumental qui fleurit peu à peu sous la plume du jeune retraité. Dans les dernières années de sa vie, à partir de 1857, celui-ci se lance même dans une longue série de morceaux humoristiques et parodiques qu’il réunit sous le titre évocateur de Péchés de vieillesse. Réservés à un usage privé, ces Péchés n’ont été publiés que bien après la mort de leur auteur et restent aujourd’hui encore largement méconnus.

En interprétant un florilège de ces pages aussi raffinées que surprenantes, Marina Viotti et Jan Schultsz nous offrent donc le rare privilège d’entrer dans le salon de Rossini, pour découvrir une facette souvent ignorée de l’un des plus célèbres compositeurs d’opéras de l’histoire. Et Lavaux Classic se termine sur un sourire facétieux.

Texte de Yaël Hêche